LEMONDE.FR | 31.03.10 | 12h22 • Mis à jour le 31.03.10 | 13h25
Stocker des photographies par Greg B.
Photographe, j’archive une grande quantité de photos en haute définition (de plus les photos retouchées ont un poids supérieur aux fichiers bruts). Ces archives représentent mon travail, mon savoir-faire mais aussi ma passion ; elles me sont donc extrêmement précieuses. Depuis longtemps, j’avais abandonné la sauvegarde sur DVD, la trouvant longue et peu pratique. Depuis plusieurs années, je sauvegarde sur disque dur externe ; et ces derniers temps, les révélations sur leur durée de vie me font réfléchir à aller voir du côté de la sauvegarde en ligne. Cette solution est encore chère, mais j’espère que ces prix baisseront. L’autre souci c’est le temps d’envoi des fichiers et la bande passante...
Archives et supports dans le secteur de l’audiovisuel par Claude F.
De toute ma carrière professionnelle à la télévision comme chef opérateur, de 1970 à l’ORTF jusqu’en 2005 où j’ai quitté France 3, j’ai vu les producteurs et réalisateurs confrontés au problème des archives, soit pour des problèmes techniques, soit parce que les responsables administratifs ne voyaient pas l’importance de l’archivage, qui posait trop de containtes à leurs yeux. Jusque dans les années 1960 le seul support pour des archives images était le film, noir et blanc et couleur. Depuis, les formats d’enregistrement se sont multipliés avec plus ou moins de bonheur qualitatif. Dans les années 1980 apparaît le numérique, avec plein de promesses, surtout qualitatives. Aujourd’hui, les entreprises qui veulent garder des archives au-delà de 20 ans utilisent le micro-film.
Le médical, en "deuxième phase" de numérisation par Philippe B.
Nous sommes une start-up française spécialisée sur ce problème. Nos clients stockent des données numériques non remplaçables, et sont confrontés à une forte augmentation du volume de données (souvent plusieurs centaines de teraoctets [1000 gigaoctets]), à des problèmes de choix du support, et à des soucis de gestion. Dans de nombreux secteurs, tels l’audiovisuel ou le médical, nous entrons dans la deuxième phase de la numérisation. Dans la première phase, les traitements étaient numériques mais il existait un support physique, comme le film argentique ou la cassette numérique. Dans la deuxième phase, l’original est directement numérique et dématérialisé. Beaucoup d’équipes sont désorientées car le contenu numérique est très virtuel, il est facile de le perdre…
Un casse-tête pour les fournisseurs de services sur Internet par Willy D.
Je suis fournisseur de services sur Internet et les sauvegardes sont notre plus gros soucis. Nous avons choisi, vu leur prix, de copier et régulièrement recopier les données en triple exemplaires sur des disques durs. Cette technique est la seule à mon avis qui garantit à mes clients de conserver leurs données. On utilise un schéma de roulement des disques afin de n’avoir aucune donnée non recopiée depuis plus de 2 ans. C’est beaucoup de travail et le pire ce sont les durées : nous avons des machines qui ne font que ça tellement les vitesses de transfert sont trop faibles, et les matériels permettant des vitesses plus grandes sont hors de prix pour de la sauvegarde.
Les petites et moyennes entreprises confrontées au problème de stockage des données par Jean-Pierre D.
Dans ma PME, les schémas de nos cartes électroniques sont notre richesse. Pour leur stockage, on passe par un serveur équipé de deux disques durs connectés en RAID 1. Ainsi, s’il y a défaillance d’un disque dur, celui-ci est remplacé par un autre, et les données du disque intact sont recopiées sur le disque neuf. L’archivage à long terme a un coût. Heureusement, lorsqu’un support adapté au long terme sera accessible, le fait que les données existent déja sous forme numérique facilitera la migration vers celui-ci.
"Conserver ses archives sans savoir où l’on va" par Pierre S.
Les architectes ont des obligations de conservation des archives pendant 10 ans ; 30 ans pour les contrats. Au vu des faiblesses des supports, je suis obligé de faire des sauvegardes multiples et renouvelées. Sur plusieurs disques durs ou ssd, je recopie les fichiers fondamentaux non reconstituables avec des mises à jour décalées entre les supports.
Sauvegardes dans les grandes entreprises par Wilfried
Je me rappelle très bien que dès les années 1990, la SNCF sauvegardait les plans des voitures corail sur des "disques magnéto optiques", qui étaient eux même retirés de l’ordinateur principal et rangés dans un coffre fort tout les soirs. Peut-être plus pour éviter une destruction en cas d’incendie par exemple, que par crainte du vol. La taille de ces disques ressemblait à des 33 tours. Depuis je ne sais pas ce qui à été fait de ces disques (et de son lecteur) mais l’ensemble des plans ont été transférées sur des disques durs externes le jour où on a vu que certaines entreprises avaient des difficultés pour récupérer leurs données stockées sur les bandes magnétiques… Au bout d’un moment, on se retrouve avec pleins de sauvegardes mais sans l’outil physique pour les lire.
Les banques font appel à des prestataires spécialisés par Nicolas G.
Comme dit dans l’article, les entreprises et administrations ont généralement une politique de conservation des données sur le "long terme". Ces données sont stockées sur des architectures de type Network Attached Storage (NAS : unité de stockage en réseau) ou Storage Area Network (SAN : réseau dédié de stockage). Ces réseaux sont maintenus par des prestataires spécialisés et les données sont effectivement recopiées perpétuellement (sur des disques dur ou des bandes magnétiques).
Un réseau bancaire de ce type, par exemple situé à la Défense, est également résilient à des événements très brutaux, telle une attaque nucléaire, et les données des usagers seront reconstruites en moins de 12 heures. Ici la redondance est spatiale, avec un deuxième centre à Lyon, un troisième à Toulouse, etc.
Source : LeMonde